jeudi 22 mars 2012

Notre étude d'impact L'école et la vallée : une synergie vitale


Situations géographique et démographique du Biros 
:


La vallée du Biros est une vallée de montagne située au sud du chef lieu de canton, Castillon en Couserans. La vallée, encaissée entre des versants raides, serpente à 600-750 m d'altitude jusqu'à la chaîne axiale où culminent les hauts sommets du Mont-Valier et du Maubermé.


La vallée a aussi la particularité d'être enclavée (pas de desserte routière avec les vallées avoisinantes).

La liaison Sentein – Castillon se fait par la départementale 4 pour une distance de 12 kilomètres, soit 15 minutes de trajet en temps normal.

La vallée est composée de 5 communes (Antras ; Balacet ; Bonac-Irazein ; Uchentein ; Sentein) et compte 400 habitants permanents.

Les enfants scolarisés à l'école de Sentein sont répartis dans ces différentes communes de la manière suivante ( référence décembre 2011):


Commune
Antras
Balacet
Bonac
Sentein
Uchentein
Bethmale
Castillon
Effectifs
2
1
11+1/2
8
2
1
1+1/2

L'habitat est regroupé en village ou en hameaux s'étageant de 600 à 1100 mètres pour les sites les plus hauts. Cependant certaines familles habitent dans des anciennes granges restaurées dites « bourdaous » , accessibles à pied et distantes de 15 à 30 minutes du premier village.
Le temps de trajet journalier s'allonge d'autant, la fatigue aussi, car avant l'école, il faut marcher. Le matin, la descente est rapide, mais le soir, la montée est rude...

Il n'existe pas de transport collectif (il serait d'ailleurs difficilement réalisable). La seule façon de limiter les contraintes de transport relève de l'initiative privée (co-voiturage).
Les distances entre les villages et Sentein s'échelonnent de 2 à 8 kilomètres. Ainsi le temps de trajet domicile/école varie de 10 à 20 minutes sur des routes étroites et souvent difficiles avec une déclivité conséquente.

La vie dans la vallée n'est pas plus dure qu'ailleurs, mais l'environnement montagnard est à prendre en considération.

La vallée du Biros comme beaucoup d'autres hautes vallées d'Ariège, a connu pendant la deuxième moitié du XXème siècle un fort exode rural.

Cependant les courbes démographiques remontent depuis la fin des années 1990, et la tendance se confirme avec les chiffres des derniers recensements

Synthèse des données INSEE au 1er janvier 2008


Sentein

Bonac-Irazein
Antras
Uchentein
Balacet
Total sur le Biros
Nombre d’habitants

148
138
71
35
19
411
Nombre d’enfants de 0 à 14 ans
26
26
5
4
3
64
Variation de la population ces 10 dernières années
-0.2%
+3.9%
+2.3%
+3.4%
-2.6%
1,36%
Nombre de logements

365
251
96
82
43
837
Part des résidences principales
21%
30%
48%
25%
31%
31%
Part des résidences secondaires
70%
66%
44%
64%
57%
60%
Nombre de logements vacants
30
10
8
10
5
63
Sources : INSEE, RP2008 et RP1999

Depuis quelques années le dépeuplement n'est plus une fatalité. Le mouvement ascendant témoigne que des familles s'installent ou veulent s'installer sur le territoire.
Des dynamiques locales porteuses de projets, soutenues par une politique nationale affirmant sa volonté de maintenir une vie rurale, pourraient s'avérer efficaces à reconstituer une occupation humaine viable de cette vallée.

Une école pour la vallée du Biros :

    L'école de la République, pilier de notre démocratie, est un des services publics essentiel de notre pays.
À ce jour, le maintien de cette institution est menacée dans la vallée du Biros pour des raisons économiques et soit disant démographiques.
Si on en restait sur les critères de comptage d'avant 2010, notre effectif serait suffisant pour garder les deux classes, et le blocage n'aurait pas lieu d'être.
Le seuil pour lequel l'Inspecteur d'Académie s'appuyait pour les fermetures était de 21 hors élèves en TPS1 et PS2.
Or, l'installation de jeunes couples et de familles est synonyme de revitalisation de notre territoire.

La possibilité pour ces familles de scolariser leurs enfants dès l'âge de 2 ans est un critère déterminant pour faire le choix d'une installation durable.

Dans le cas de la fermeture de la classe maternelle de Sentein, la possibilité d'accueil des plus petits est fortement compromise. A ce moment là, le choix de certains parents pourrait s'orienter vers une déscolarisation.

L'école est l'unique structure publique d'accueil éducatif et de socialisation de la vallée. Elle est une des rares manifestations de la vie au village et rythme son quotidien.
Cette présence participe à l'espoir du renouveau et tisse le lien social entre les personnes impliquées dans les différents lieux de vie de la vallée (rencontres inter-générationnelles).
Chaque journée d'école est synonyme de mouvement, d'aller et venues sous les fenêtres des aînés : déplacement école /cantine /parc /camping /aire de jeux / accueil de loisirs. Autant d'occasions d'échanges et de rencontres fructueux.

Citons pour exemples :
- les marchés aux fleurs réalisés chaque printemps,
- les marchés et spectacles de Noël organisés chaque fin d'année,
- les expositions et vernissages de nos œuvres en automne et au printemps,
- les fêtes cantonales annuelles,
- les rencontres autour d'un goûter, d'un repas à chaque période,
- les spectacles qui ponctuent les départs en vacances,
- le loto de l'école en hiver.

École et économie locale :

Aujourd'hui, l'école de Sentein génère deux postes de professeurs des écoles, un poste d'ATSEM3, un poste d'éducateur sportif et un poste d'agent d'entretien.
La perte d'une classe entraîne obligatoirement une diminution des enseignants mais aussi des agents péri-scolaire et fragilise l'économie locale.
Un poste supprimé représente le départ d'une famille, laissant une maison vide.

D'une façon générale, des élèves en moins incitent le départ de plusieurs familles hors de la vallée, provoquant un nouvel exode rural.

De même, pour l'Accueil de Loisirs Associés à l'Ecole ou ALAÉ, les deux emplois ne seront pas maintenus, par manque d'enfants, alors que cet accueil est un critère essentiel, pour les familles qui partent travailler en dehors du canton.

Depuis la création de l'ALAE en 2003, son rôle n'est plus à remettre en cause. Aujourd'hui, il est menacé, avec pour conséquence des pertes d'emplois, réduction des prestations péri-scolaires.


N'oublions pas le nombre important d'intervenants, d'une grande diversité qui participent à l'éducation des enfants à travers la réalisation des projets communs à l'école et à l'ALAE :
  • Artiste peintre : Catherine Tourde,
  • Éleveurs : Véronique Maurin et Gilbert Guichard,
  • Accompagnateurs montagne : Jean-Michel Baverel, Christophe Popelin
  • Ingénieur retraité, élu à Uchentein : Gilbert Couvreux,
  • Apiculteur : Jorn Kling,
  • Historien local : Claude Taranne,
  • Artisan : Emilien Brochet,
  • Pâtissière : Fatima Belkheir,
  • le club des aînés : «  Iths Ivagadis »...

L'école et l'ALAE participent à l'économie de proximité en étant clients réguliers des commerces et producteurs locaux (épicerie, boulangerie...).

L'enseignement :

Pour les parents d'élèves, la classe unique représente une fragilité : pour eux, ce n'est pas une classe comme les autres et elle possède trop de handicaps pour permettre aux enfants d'apprendre correctement.

Pour les enseignants la représentation est également problématique. La classe unique fait peur, elle est un véritable casse-tête demandant beaucoup d'énergie et de temps.
Des témoignages d'enseignants nous confortent dans cette idée : selon le contexte, des difficultés (relations aux parents, nombre d'élèves, élèves difficiles, élèves en difficultés...) peuvent devenir insurmontables pour un enseignant seul, qui atteint rapidement ses limites physiques et psychologiques.

Dans une classe unique, on est seul face aux problèmes et dysfonctionnements. L'absence d'équipe pédagogique peut amener à la perte de confiance car aucun échange avec un pair n'est possible.
On constate donc une forte rotation sur ce type de classe, ce qui fragilise ces écoles. A Sentein entre 2003 et 2007, 4 enseignants ne sont restés qu'une seule année.

Les caprices de la météorologie hivernale isole périodiquement la vallée sur des durées variant de quelques heures à plusieurs jours. L'accès à l'école, si il est possible, nécessite une prise de risque et une véritable organisation (départ en fonction du passage du chasse-neige et du degré de précipitations). L'accueil des élèves ne peut être que partiellement assuré, le travail de l'instituteur aussi.
L'épreuve de l'hiver a contribué notamment au découragement des enseignants qui se sont succédés avant l'ouverture de la seconde classe.

L'ouverture d' une deuxième classe ne se fait que lorsque l'effectif est très important (36 élèves pour l'ouverture de la seconde classe de Sentein en 2006). En attendant l'ouverture, gérer plus de 30 élèves sur 6 niveaux de manière efficace est un défi quotidien pour l'enseignant.

En théorie, l'ATSEM n'est présente qu'à mi-temps en classe unique. Les grandes sections doivent être autonomes dès le début de l'année. Notons que les CP doivent l'être également, ce qui pose problème en cas d'élèves en difficulté face à l'entrée dans la lecture.

Cependant, il est vrai qu'à Sentein, la collectivité a pris sur ses fonds propres pour assurer un poste à temps plein à l'ATSEM jusqu'à la création de la deuxième classe. Dans la mesure d'une classe unique à la rentrée 2012, ce financement sera retiré de la subvention allouée jusqu'alors à l'ALAE.

Les enfants sont d'âges très différents, leurs rythmes sont différents et la gestion des temps devient un casse-tête.
Pour des matières particulières, comme l'anglais ou le sport, la gestion des apprentissages est compliquée, sans parler de la lecture et des mathématiques ni des horaires de récréation.

L'école de Sentein a toujours eu une grosse part d'élèves demandant une attention particulière comme beaucoup d'écoles de fond de vallée.
Cette année sur 25 élèves :
  • 4 devraient être pris en charge par un maître spécialisé dans les difficultés de comportement (non présent dans la zone),
  • 5 sont pris en charge par un maître spécialisé dans les difficultés d'apprentissage,
  • 8 ont un suivi particulier (PPS4, RASED5, assistante sociale).
    Ces particularités sont d'autant plus difficiles à gérer dans une classe à 6 niveaux. La gestion des différenciations devient très complexe pour permettre à chacun de bénéficier de la présence de l'enseignant.
    L'organisation de l'aide personnalisée est également compliquée. Les PPS, équipes éducatives, et suivis personnalisés sont des investissements supplémentaires pour l'enseignant seul.
Les RASED étant amenés à disparaître, l'enseignant se retrouve encore plus seul dans la gestion des difficultés scolaires.


Des projets d'intégration en famille d'accueil demandent de petits effectifs : une famille d'accueil exerce à Sentein et est susceptible de recevoir des enfants à scolariser.

D'autre part, à Sentein, il y a une variation importante des effectifs au cours de l'année qui est imprévisible. Cette année (nous sommes début mars), il y a eu 4 radiations et 4 inscriptions.

Sur un autre niveau, nous pouvons également nous questionner sur la sécurité à l'école avec un seul adulte présent. En cas de problème, l'enseignant peut se retrouver dans une situation de crise. Rappelons que les règles d'évacuation en cas d'incendie ou d'accident nécessitent la présence de deux adultes.
Nous sommes actuellement dans un climat social où les familles deviennent facilement procédurières, où la parole de leur enfant n'est pas remise en cause. Ce qu'il peut raconter le soir à la maison est forcément la vérité pour certains. L'enseignant peut se trouver en port-à-faux, et devoir se justifier face à la parole de l'enfant. En l'absence d'équipe enseignante, qui sera là pour confirmer ses dires ?

Dans ces conditions de diversité sociale et dans cet isolement de fond de vallée, la gestion pédagogique est à pérenniser puisque nous avons actuellement un équilibre très satisfaisant qu'il serait dommage de fragiliser.

Nos 2 classes permettent :
- un projet d'école cohérent adapté aux besoins de l'école et des élèves,
- un véritable travail d'équipe (entre enseignants et en lien avec l'ALAE),
- la réalisation de projets adaptés à chaque cycle,
- des échanges (avec le Centre Educatif Local, d'autres écoles),
- des complémentarités de services et de compétences particulières (musique, anglais,...)
- une disponibilité de l'enseignant pour chaque élève dans ses besoins propres

- des apprentissages réussis, les évaluations nationales de CM2 le prouvent, les scores étant en progression et dans la moyenne départementale.

Cette école fonctionne ainsi depuis 6 ans, une relation de confiance s'est nouée avec les parents, l'équipe est solide et est disposée à continuer ce travail de qualité.
Le rapport de l'inspection d'école qui a eu lieu en octobre 2011, co-signé par madame l'Inspectrice d'Académie (voir Annexe) démontre la qualité d'enseignement dispensé grâce à ses deux classes et l'ALAE.



Conséquences immédiates de la fermeture d'une classe pour les familles déjà installées dans la vallée.

Nombre d'élèves qui quitteraient l'école en cas de fermeture de classe à la rentrée 2012 : 7
- 2 à cause des conséquences indirectes liées à la fermeture d'une des deux classes
- 4 pour des raisons pratiques
- 1 qui n'aurait plus sa place à l'école sera gardée à la maison

Si certains élèves fréquentant l'école de Sentein la quittent l'année prochaine en raison de la fermeture d'une classe, on réduit encore le nombre d'enfants de l'école : 7 à 8 enfants quitteraient l'école à cause de la fermeture d'une des deux classes pour diverses raisons :
- Certains parents habitants ou travaillant un peu loin, étaient motivés pour amener leur enfant à l'école de Sentein. S'il n'y a plus qu'une seule classe, ils perdent cette motivation de peur de voir baisser la qualité de l'enseignement. Ce serait donc pour des raisons pratiques et pédagogiques à la fois.

- Certains parents ont deux enfants, dont un tout petit. Si le tout petit doit aller dans une autre école, le grand ira aussi ailleurs pour des raisons pratiques.
- Certains parents installés dans la vallée travaillent dans l'école ou l'A.L.A.E. (pour un salaire modeste et non évolutif). S'ils doivent perdre une partie de leur poste et de leur salaire, ils ne se maintiendront peut-être pas dans la vallée et partiront avec leurs enfants (deux familles sont dans ce cas, peut-être trois).
    - Certains enfants sont plus lents ou rencontrent quelques difficultés à l'école. Leur famille s'en inquiète dans la mesure ou avec 7 niveaux, le suivi serait moins assuré. Certains de ces enfants risquent de quitter l'école pas forcément à la rentrée 2012, mais peut-être par la suite pour aller dans une école avec moins de niveaux par classe.
    Deux familles ont vécu cette situation et en témoignent, avec des enfants qui ont connu d'autant plus de difficultés qu'ils étaient en classe unique. L'un d'eux est actuellement en sixième SEGPA.

Les enfants de l'école sont déjà peu nombreux en terme de sociabilisation (cette année 23 enfants de 9 âges différents). Les conditions particulières de leur scolarisation ne leur offre pas un grand éventail de compagnons de travail et de jeu. Ils ont peu d'enfants de leur propre âge autour d'eux, mais ils ont la particularité d'apprendre à grandir ensemble, petits et grands mélangés. Les petits sont pris en main par les grands et, devenus grands à leur tour, ils savent comment vivre avec les petits.
La fermeture d'une classe viendrait réduire encore le nombre de « copains », grands ou petits, indispensables pour une bonne sociabilisation.

Fermer une classe contribue à les marginaliser par rapport à la population urbaine.

Il y a plusieurs logements en cours de réfection sur les communes du Biros et nous n'aurons aucun mal à leur trouver des familles...si les élus et la population locale ont réellement envie de sauver l'école et ses deux classes. Nous avons impérativement besoin de leur soutien (et certainement de soutiens plus importants encore) en ce qui concerne la politique de développement du logement (notamment locatif) dans la vallée du Biros.
Plusieurs jeunes couples ont acheté dans la vallée et projettent d'avoir des enfants pour ceux qui n'en ont pas encore, ou d'autres enfants pour ceux qui en ont déjà un en bas âge. Ils n'ont pas la chance de tomber au bon moment et se questionnent sur leur avenir ici.
Les arrivées et les départs à l'école de Sentein sont comme les vagues avec des avancées et des reculs. Ce qui fait qu'aujourd'hui nous sommes plus menacés qu'une autre année, c'est que nos 7 CM2 de l'année dernière, tous à l'école de Sentein depuis la maternelle (sauf un) sont partis en sixième et qu'il n'y a pas eu d'arrivée aussi importante de nouveaux enfants à la rentrée 2011 (5 mais dont deux sont repartis à cause du logement).
Contrairement à ce que font apparaître les études démographiques, l'école est plutôt en progression par rapport à la génération précédente : ils pouvaient n'être certaines années que 9 élèves...

La liste non exhaustive d'enfants inscrits à l'école de Sentein ces six dernières années qui sont partis parce que leurs familles, pourtant désireuses de s'installer dans la vallée, ont fini par trouver un logement ailleurs est d'au moins 15 :
- Eliane et Mickael1
- Sylvain et Jean
- Mathis et Roger
- Urbain
- Philippe et Caroline
- Hervé
- John et Cindy
- Marie
- Mélanie et Hugo

Chaque année on menace de nous fermer une classe, alors que nous devons déjà faire face à cette problématique terrible qu'est le logement en vallée du Biros.

Réponses des parents à la question  « Que faites-vous à la rentrée 2011 si l'une des deux classes ferme ? »:

- A.: directrice de l'école, installée à proximité avec sa famille, mère d'un petit de bientôt 6 ans et d'un petit scolarisable à la rentrée... s'il y a les deux classes. La crèche est à 12 kilomètres de l'école, et est elle aussi menacée de fermeture à cause de la taille de ses locaux. Elle ne sait pas comment elle va faire.

- M. : I. (en CE2 cette année) resterait à Sentein, mais elle s'inquiète pour son niveau scolaire... elle a déjà eu ce souci avec son fils aîné. Elle a aussi peur de perdre tout ou partie de ses emplois à l'école et à l'ALAE.

- S. : elle s'inquiète aussi pour le niveau scolaire de ses enfants qui seront en CM2 l'année prochaine... comment vont-ils être préparés pour la sixième ?
Elle aussi risque de perdre tout ou partie de son emploi et envisage de quitter la vallée avec ses enfants si c'est le cas.

- S. : n'a plus d'enfant à l'école mais risque de perdre tout ou partie de son emploi de directrice de l'ALAE. Et l'une de ses motivations pour rester dans la vallée.

- L. et M. : T. irait à l'école de Castillon, plus pratique pour eux. Imaginer la perte de qualité d'enseignement (par une classe unique) leur semble être une raison suffisante pour ne plus faire « l'effort » de la maintenir à Sentein.

- J. et K. : Ils ont un enfant en maternelle à Sentein et envisage un deuxième enfant. Si le petit ne peut pas aller à Sentein, ils envisageraient une autre école pour les deux à moyen terme.
- C. : A. ira Castillon, raisons pratiques et perte de motivation.

- N. et Y. : N. irait à Sentein l'année prochaine, peut-être pas les suivantes... raison : niveau scolaire, déménagement éventuel...

- B. et G. : J. , A . et P. resteraient à Sentein.

- M. : M. irait à Castillon où il habite. Raisons : trop de frais d'essence et perte de motivation en regard du niveau scolaire.

- T. et O. : O. restera à Sentein

- C. et M. : La petite scolarisée cette année sera déscolarisée l'année prochaine. La grande fera son CM2 à Sentein.

- M. : N. serait à Sentein. M. a un petit scolarisable à la rentrée 2013 (2 ans en octobre 2012) qui ne pourrait donc pas l’être.

- C. et T. : J. restera à Sentein.

- C. : E. restera à Sentein 

Deux familles n'ont pas encore été interrogées. Deux enfants quittent l'école à la rentrée 2012 pour la sixième.
1 Les prénoms citées sont des pseudonymes , les enfants, cependant sont réels


Le service public :

L'argumentaire de ce chapitre s'appuie sur la circulaire n°2011-237 datée du 30-12-2011 du code de l'éducation, articles L113-1 et L212-2.
Ce texte définit les politiques éducatives locales, et notamment celles qui intéressent les écoles situées en zone de montagne.
En faisant référence à ces textes, nous souhaitons simplement le respect de ces directives officielles et leurs réalisations effectives sur le terrain...

1/ '' La nécessité de promouvoir une politique de maintien, d'amélioration et de développement de l'accessibilité et de la qualité des services publics dans les zones rurales''

L'école laïque républicaine est l'une des dernières structures publiques du Biros encore présente.
La possibilité de scolariser nos enfants, et ce dès la maternelle, est un impératif vital pour notre vallée isolée : c'est la seule école possible.
Sans ce service public de proximité, le quotidien des familles, rendu déjà difficile par l'isolement géographique et une activité économique précaire, peut devenir rapidement '' invivable ''.
Nous insistons donc sur la nécessité de prendre en compte que '' la montagne constitue une entité géographique, économique et sociale qui nécessite une politique spécifique de développement, d'aménagement et de protection ''
La décision de fermeture d'une classe est en totale contradiction avec la définition des particularités de notre territoire de montagne stipulée dans la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985.

2/ '' Il convient de garantir l'égalité des chances aux enfants dans les écoles et réseaux de montagne''

La configuration géographique du Biros justifie parfaitement la politique appliquée aux écoles situées dans les communes classées en zone de montagne.
La suppression d'une classe dans l'école de Sentein équivaut concrètement à ne plus permettre la scolarisation des enfants âgés de 2 à 5 ans dans le Biros.

Les familles devront alors se résigner à :
  • soit ne plus scolariser leurs enfants à l'Éducation Nationale (école à la maison...) mais cela implique non seulement qu'au moins un des parents reste à la maison (avec la perte d'un salaire pour le foyer) mais aussi qu'ils soient en mesure de dispenser un enseignement.
  • soit essayer de scolariser leurs enfants à la maternelle de Castillon en Couserans si l'inscription est possible car la classe est déjà surchargée. Il peuvent alors les scolariser encore plus loin (avec tous les problèmes de logistique, de coût et de faisabilité que cela entraîne...)

Les familles amenées à scolariser leurs enfants en maternelle dans d'autres écoles feront sans doute le choix, pour des raisons pratiques, d'inscrire également toute la fratrie dans le même établissement.
Ce choix entraînerait de nouvelles pertes d'effectifs pour l'école de Sentein.
Ces familles pourraient aussi choisir de quitter la vallée, comme elles le disent dans leurs témoignages...

3/ '' Dans l'hypothèse où des seuils d'ouverture et de fermeture de classes sont utilisés, ils doivent être envisagés avec souplesse et de manière indicative''
Dans le Biros, les effectifs d'enfants scolarisés sont très aléatoires.
Ces incertitudes sont liées aux fluctuations démographiques des familles résidentes.
Les familles souhaitent s'installer ici, mais les difficultés qu'elles rencontrent notamment au niveau du logement (pas de location, très peu de vente, prix prohibitifs...) les empêchent de s'y stabiliser durablement.
Une politique d'accueil et de développement local dans le castillonnais serait à développer pour aider à l'installation de nouveaux arrivants.

4/ '' L'étude des mesures de carte scolaire doit aussi considérer la situation d'isolement des équipements scolaires considérés, en particulier au regard de leur desserte routière, de la durée et des conditions de transport (aléas climatiques, déclivité)''
  • Problèmes liés à l'éloignement géographique :
L'école de Sentein est la dernière et unique école de la vallée du Biros.
Il n'y a pas de transport collectif assuré pour les enfants scolarisés en primaire (il serait d'ailleurs difficile à réaliser, vue la configuration de la vallée).
Les familles '' descendent '' déjà des villages/hameaux, souvent perchés encore plus haut dans la montagne.
Dans le cas de la suppression d'une classe et du non accueil des maternelles, les familles devront rejoindre au plus près Castillon (village situé à 12 kilomètres et à 15 minutes de Sentein), voire plus loin encore.
L'hiver, les précipitations peuvent bloquer la vallée du jour au lendemain. La neige ralentit la vie du Biros. Les trajets, s'ils sont envisageables, demandent deux à trois fois plus de temps. Entre novembre et mars, les périodes de grands froids et de précipitations neigeuses sont fréquentes.
Si la classe est supprimée, certains enfants devront se rendre "plus bas" et seront dés- colarisés de fait les jours de neige. En effet, les parents concernés n'ont pas forcément les moyens ni le courage de consacrer entre 2 et 4 heures par jour pour assurer le transport aller/retour jusqu'aux écoles de Castillon ou de Saint-Girons.

Par arrêté préfectoral du // au // les transports scolaires ont été interdits en Ariège en raison des conditions climatiques. A Sentein, la plupart des élèves étaient présents. Ces conditions climatiques exceptionnelles en plaine sont coutumières en zone de montagne, et la proximité entre l'école et les enfants a joué son rôle.

  • Problèmes de sécurité et de coût des transports :
Jusqu'à présent, aller à l'école à Sentein pouvait se faire à pied même lors de conditions météorologiques difficiles (neige, verglas).
Les trajets pour d'autres écoles maternelles devront se faire obligatoirement en voiture sur des routes de montagne dangereuses (hiver notamment). Et le rythme des enfants de maternelle pour de telles journées à rallonge ?

Citons un extrait éloquent de l'Association Nationale pour la Promotion de l'École Rurale : ''Accidents récents de car scolaire''

''Chaque jour d’école, le car scolaire est utilisé par plus de 2 millions d’enfants. Chaque année, 250 enfants en moyenne sont victimes d’un accident durant ce type de trajet.
Selon le Bureau d'Enquête Accident : Du premier septembre 06 au 15 février 07 : 41 accidents de transport scolaire, soit près de 8 accidents par mois, 26 blessés graves, 10 tués.
En un mois deux accidents graves de transport scolaire, un mort et plusieurs dizaines de blessés. Fermer les écoles, générer des transports ne feront qu’accroître ces dangers. Il faut encore rajouter l'effet de plus en plus reconnu, mais pas encore pris en compte sur le réchauffement planétaire. Les transports représentent à eux seuls plus du tiers des émissions de gaz à effet de serre.''



5/ '' Offrir aux élèves scolarisés dans ces écoles de montagne un enseignement de qualité''
  • Stabilisation de l'équipe enseignante.
Avant 2006, les enseignants se succédaient suite aux conditions difficiles de la classe unique et de la difficulté de gérer leur projet de vie.
Depuis l'ouverture de la seconde classe en 2006, nous assistons à la pérennisation des Professeurs des Écoles, de l'ATSEM, de l'AVS6, de l'Éducateur Sportif.
Aujourd'hui, les enseignantes ont choisi de travailler à Sentein et ont lié leur projet de vie privée avec leur vie professionnelle.

Elles sont devenues habitantes de la vallée et s'y sont installées avec leur famille.
Cela contribue à la stabilité de l'équipe pédagogique et éducative.

Bénéfices d'une équipe pédagogique stable :
    - les enseignants deviennent des habitants à plein temps de la vallée (développement démographique) ;
    - les projets d'école sont conçus et réalisés sur du long terme ;
    - le travail d'équipe de l'ALAÉ en partenariat avec l'équipe enseignante est optimisé ;
    - une meilleure connaissance mutuelle génère des relations plus durables et plus approfondies entre l'équipe enseignante, les parents et les élèves (confiance, sécurité, écoute, adaptation...).
  • Deux classes c'est :
    - un travail d'équipe ;
    - assurer une disponibilité optimale de l'équipe enseignante, de la maternelle au cycle 3 ;
    - respecter le rythme de chaque tranche d'âge...

Une classe supprimée ... un réseau scolaire fragilisé

La fermeture d'une classe pour l'école de Sentein équivaut à ne plus accueillir les enfants entre 2 et 5 ans : la mission du Service Public n'est plus assurée, l'accès à la scolarisation n'est pas respecté pour la petite enfance.
Le poste d'ATSEM ainsi que le second poste d'animation de l'ALAÉ sont menacés par ce désengagement de l'État . Les collectivités territoriales (la Communauté des Communes du Castillonnais, le SIVE7 du Biros) ont laissé présager que, dans cette perspective, une restriction budgétaire pourrait compromettre le maintien des deux postes.
C'est l'avenir de l'école et de la structure périscolaire qui est menacé.

L'éducation nationale ne doit pas perdre de vue l'idée qu'il y a une grande diversité et une réalité française : un milieu urbain, un milieu rural et un milieu montagnard. Notre richesse culturelle vient de cette diversité qu'il ne faut pas supprimer en fermant nos écoles "de montagne".... 


1Très Petite Section
2Petite Section
3Agent Territorial Spécialisé en Ecole Maternelle
4Projet Personnalisé de Scolarité : accueil d'enfants à handicaps
5Réseau d'Aide Spécialisée aux Élèves en Difficultés
1 Les prénoms citées sont des pseudonymes , les enfants, cependant sont réels
6Auxiliaire de Vie Scolaire
7Syndicat Intercommunal à Vocation Educative

2 commentaires:

  1. Il y a juste un pb de présentattion :
    -Le seuil des élèves... n'est pas visible
    -certains enfants sont plus lents...paragraphe ne décalage
    le rapport de Nadia, tu l'as intégré?
    Ca prend sacrement tournure, c'est complet...c'est super!

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    1. le rapport de Nadia n'y est pas encore, elle l'a pas fini.
      on n'est pas loin d'un texte intéressant

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